Gilet pare-balle semi-liquide : la dernière innovation corporelle
Le projet, dont le nom exact est « Armure corporelle passive et intelligente avec applications de nanofluides rhéologiques » ou SmartArmour, a d’abord été élaboré dans un but militaire. En effet, il est difficile de protéger efficacement les mains, les jambes, les pieds ou le cou avec les gilets pare-balles modernes car le matériau des vestes (le plus souvent du Kevlar [2]) est trop rigide pour ces parties nécessitant une grande liberté de mouvement. Cependant, ce sont ces parties du corps qui sont le plus exposées aux blessures, balles et éclats. Les matériaux développés dans les laboratoires du Pr. Marcin Leonowicz, chef du projet et professeur à l’école polytechnique de Varsovie, permettent de répondre à ce besoin.
Ce liquide bénéficie des dernières avancées en nanotechnologies
Il est en fait un savant mélange de nanoparticules de silice suspendues dans du polyéthylène glycol (PEG). Les deux composants de ce colloïde [1] sont utilisés au quotidien, par exemple la silice qui est un additif traditionnel des dentifrices. Cependant, ce n’est que mélangé dans certaines proportions que le liquide acquiert des propriétés exceptionnelles.
Les gilets de protection actuels sont composés de 30 à 40 couches de Kevlar
Potentiellement, l’idée n’est pas de concevoir des gilets pare-balles uniquement constitués de fluide protecteur mais plutôt de coupler des couches contenant ledit liquide avec d’autres couches de Kevlar. L’ensemble serait moins lourd qu’un gilet classique à 31 couches de Kevlar, et serait plus fin, plus flexible et tout aussi résistant. En outre, les fluides rhéo-épaississants sont résistants aux attaques au couteau, contrairement aux gilets traditionnels.
» En condition normale, la texture du fluide est similaire à celle du miel, mais durcit proportionnellement à la force de l’impact. » ajoute le Dr. Leonowicz lors d’un entretien avec le service scientifique de l’Ambassade de France en Pologne, qui précise : » nous avons travaillé durant une année et demie afin de trouver la bonne procédure permettant de produire ce colloïde « . Des tests de résistances aux balles sont également prévus. Ce colloïde aura également des applications civiles, par exemple au niveau des genouillères pour motards, des planches de surf, de skis et même des gants et autres protège-tibias.
Le Dr. Leonowicz s’intéresse également aux applications des fluides magnéto-rhéologiques, qui se solidifient à l’approche d’un champ magnétique (voire vidéo ci-dessus). Il est prévu d’utiliser ces fluides au sein des machines-outils, des amortisseurs et dans les sièges de poids lourds. Cette invention servira également comme couche protectrice renforçant le châssis des véhicules blindés, par exemple contre les mines antichars. Ces fluides magnéto-rhéologiques, plus flexibles, s’adapteraient tout simplement à la forme délimitée par son environnement, et seraient rendus solides en cas de besoin en appliquant un champ magnétique, tel un blindage intelligent » passif-réactif « .
Cette nouvelle génération de matériaux mixtes dopés aux nanoliquides rhéo-épaississants devrait rapidement remplacer les moyens de protections traditionnels. Les applications civiles et militaires sont prévues d’ici 3 à 5 ans.